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jeudi 25 août 2011

JE SUIS UN HOMME MODERNE

 
Je suis un homme moderne.
Les pieds et les mains liés je décide
le vol.

Au début je me traînerai
et avec le temps
je pourrai lever un peu la tête.

Je verrai le ciel.
Le cosmos infini sera
mes petites chaînes et mes baves.

Au début je trouverai du pain
et on me le volera.
Ensuite
j'apprendrai à en prendre soin.
Une autre chaîne de plus
et ainsi avec le temps je pourrai
prendre soin de mon argent.

Un autre chaînon se ferme et un
autre encore
et j'aurai des enfants, mes enfants
et il me faudra trouver
du pain pour eux
et apprendre à en prendre soin.

Et tandis que je veille sur mon pain
et que je ne laisse personne
prendre mon argent
il me faudra
de l'éducation pour mes enfants
pour que le cosmos infini soit
leurs petites chaînes et leurs baves.

Et il faudra aussi que je trouve un
amour
comme on trouve les postes de
travail
et prendre soin de cet amour comme
de ma propre vie
et ce n'est pas
un chaînon qui se ferme sur moi
mais
les propres tentacules de la mort.

Miguel Oscar Menassa - « La Poésie et moi »


                                                     La perle de la sagesse - MOM

vendredi 12 août 2011

Saboreando las últimas lágrimas


Sé que me esperas

En el punto cero de lo eterno
tras las nubes,
melancolía del alma,
sé que me esperas.

He dejado caer
uno por uno
los pétalos del dolor.

Tu recuerdo
lo engarzo en un poema;
el viento con tu canto,
mi aliento, tus alas,
me llevan para pedirte
que vuelvas.



Eramos un pensamiento silencioso
A los "Enfants terribles"


Eludíamos cualquier intento de crecer.
La primavera nos sorprendió:
sólo crecía el rosal.

Lo muerto sublevó palabras
para que el aire se estremezca
en un giro preciso.

Y vino el adiós,
restitución presente.

Las playas bordaron entonces,
otro viaje,
una ruptura.

Para seguir volando,
fue necesario
cualquier intento de crecer,
cada palabra.



Poema para romper el silencio
A Laurence mi hermana

Arrebato de íntimo destino,
tu muerte, hasta hoy,
me dejó -también a mí-
sin palabra.

Un silencio, tiempo
donde marcar para siempre
las horas de la mañana
cuando tú,
por ese camino que recuerdo,
ibas, sola, buscando ser nada.



Saboreando las últimas lágrimas

El viento es mi canto,
tan gris que hay que perdonarle
el murmullo de tu ausencia.

Te escribo con la máquina de coser,
con el patrón de mi pasado.
Surcando mar y porvenir,
una pluma persigue tu aliento.

Tracé caminos
en el fuego.
Dejé llaves
en el pozo de los recuerdos.
El letrero del hotel
ilumina la noche;
entre sábanas
duerme el amor.


Bajo esa lluvia de hierro

Van solitarios por el mundo;
olvidaron el pasado,
construyeron espejos
donde caer en una ilusión.

En silencio,
la ira sobrevuela el mundo.


Como si fuera yo

El tiempo arranca recuerdos,
tu sonrisa lejana,
la patera vacía.

Un sol, como si fuera único,
deja entrar
el cielo que me separa de ti,
inefable fuego
tocando la muerte.


Yo recuerdo
Al Doctor Leciak

Yo recuerdo
antiguamente
a un hombre.
Tanta luz pasó desde entonces...

Yo recuerdo,
tatuada en sus ojos,
mi suerte.


Poema

El hilo desafía al tiempo.
Hijos de Ariadna,
tejemos la mirada, otras palabras.

Velo entre luz y sombra,
humanidad.

                                       Ibiza el 12.08.2011

                                                                A lomos del viento
                                                             Miguel Oscar Menassa

vendredi 5 août 2011

Edgar Allan Poe: "Le Corbeau" - Traduction de Charles Baudelaire

« Une fois, sur le minuit lugubre, pendant que je méditais, faible et fatigué, sur maint précieux et curieux volume d’une doctrine oubliée, pendant que je donnais de la tête, presque assoupi, soudain il se fit un tapotement, comme de quelqu’un frappant doucement, frappant à la porte de ma chambre. « C’est quelque visiteur, — murmurai-je, — qui frappe à la porte de ma chambre ; ce n’est que cela, et rien de plus. »
.
Ah ! distinctement je me souviens que c’était dans le glacial décembre, et chaque tison brodait à son tour le plancher du reflet de son agonie. Ardemment je désirais le matin ; en vain m’étais-je efforcé de tirer de mes livres un sursis à ma tristesse, ma tristesse pour ma Lénore perdue, pour la précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore, — et qu’ici on ne nommera jamais plus.
.
Et le soyeux, triste et vague bruissement des rideaux pourprés me pénétrait, me remplissait de terreurs fantastiques, inconnues pour moi jusqu’à ce jour ; si bien qu’enfin, pour apaiser le battement de mon cœur, je me dressai, répétant : « C’est quelque visiteur qui sollicite l’entrée à la porte de ma chambre, quelque visiteur attardé sollicitant l’entrée à la porte de ma chambre ; — c’est cela même, et rien de plus. »
.
Mon âme en ce moment se sentit plus forte. N’hésitant donc pas plus longtemps : « Monsieur, — dis-je, — ou madame, en vérité j’implore votre pardon ; mais le fait est que je sommeillais, et vous êtes venu frapper si doucement, si faiblement vous êtes venu taper à la porte de ma chambre, qu’à peine étais-je certain de vous avoir entendu. » Et alors j’ouvris la porte toute grande ; — les ténèbres, et rien de plus !
.
Scrutant profondément ces ténèbres, je me tins longtemps plein d’étonnement, de crainte, de doute, rêvant des rêves qu’aucun mortel n’a jamais osé rêver ; mais le silence ne fut pas troublé, et l’immobilité ne donna aucun signe, et le seul mot proféré fut un nom chuchoté : « Lénore ! » — C’était moi qui le chuchotais, et un écho à son tour murmura ce mot : « Lénore ! » — Purement cela, et rien de plus.
Rentrant dans ma chambre, et sentant en moi toute mon âme incendiée, j’entendis bientôt un coup un peu plus fort que le premier. « Sûrement, — dis-je, — sûrement, il y a quelque chose aux jalousies de ma fenêtre ; voyons donc ce que c’est, et explorons ce mystère. Laissons mon cœur se calmer un instant, et explorons ce mystère ; — c’est le vent, et rien de plus. »
.
Je poussai alors le volet, et, avec un tumultueux battement d’ailes, entra un majestueux corbeau digne des anciens jours. Il ne fit pas la moindre révérence, il ne s’arrêta pas, il n’hésita pas une minute ; mais, avec la mine d’un lord ou d’une lady, il se percha au-dessus de la porte de ma chambre ; il se percha sur un buste de Pallas juste au-dessus de la porte de ma chambre ; — il se percha, s’installa, et rien de plus.
Alors cet oiseau d’ébène, par la gravité de son maintien et la sévérité de sa physionomie, induisant ma triste imagination à sourire : « Bien que ta tête, — lui dis-je, — soit sans huppe et sans cimier, tu n’es certes pas un poltron, lugubre et ancien corbeau, voyageur parti des rivages de la nuit. Dis-moi quel est ton nom seigneurial aux rivages de la Nuit plutonienne ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »
.
Je fus émerveillé que ce disgracieux volatile entendît si facilement la parole, bien que sa réponse n’eût pas un bien grand sens et ne me fût pas d’un grand secours ; car nous devons convenir que jamais il ne fut donné à un homme vivant de voir un oiseau au-dessus de la porte de sa chambre, un oiseau ou une bête sur un buste sculpté au-dessus de la porte de sa chambre, se nommant d’un nom tel que Jamais plus !
.
Mais le corbeau, perché solitairement sur le buste placide, ne proféra que ce mot unique, comme si dans ce mot unique il répandait toute son âme. Il ne prononça rien de plus ; il ne remua pas une plume, — jusqu’à ce que je me prisse à murmurer faiblement : « D’autres amis se sont déjà envolés loin de moi ; vers le matin, lui aussi, il me quittera comme mes anciennes espérances déjà envolées. » L’oiseau dit alors : « Jamais plus ! »
Tressaillant au bruit de cette réponse jetée avec tant d’à-propos : « Sans doute, — dis-je, — ce qu’il prononce est tout son bagage de savoir, qu’il a pris chez quelque maître infortuné que le Malheur impitoyable a poursuivi ardemment, sans répit, jusqu’à ce que ses chansons n’eussent plus qu’un seul refrain, jusqu’à ce que le De profundis de son Espérance eût pris ce mélancolique refrain : Jamais, jamais plus !
.
Mais, le corbeau induisant encore toute ma triste âme à sourire, je roulai tout de suite un siège à coussins en face de l’oiseau et du buste et de la porte ; alors, m’enfonçant dans le velours, je m’appliquai à enchaîner les idées aux idées, cherchant ce que cet augural oiseau des anciens jours, ce que ce triste, disgracieux, sinistre, maigre et augural oiseau des anciens jours voulait faire entendre en croassant son Jamais plus !
Je me tenais ainsi, rêvant, conjecturant, mais n’adressant plus une syllabe à l’oiseau, dont les yeux ardents me brûlaient maintenant jusqu’au fond du cœur ; je cherchais à deviner cela, et plus encore, ma tête reposant à l’aise sur le velours du coussin que caressait la lumière de la lampe, ce velours violet caressé par la lumière de la lampe que sa tête, à Elle, ne pressera plus, — ah ! jamais plus !
.
Alors il me sembla que l’air s’épaississait, parfumé par un encensoir invisible que balançaient des séraphins dont les pas frôlaient le tapis de la chambre. « Infortuné ! — m’écriai-je, — ton Dieu t’a donné par ses anges, il t’a envoyé du répit, du répit et du népenthès dans tes ressouvenirs de Lénore ! Bois, oh ! bois ce bon népenthès, et oublie cette Lénore perdue ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »
« Prophète ! — dis-je, — être de malheur ! oiseau ou démon, mais toujours prophète ! que tu sois un envoyé du Tentateur, ou que la tempête t’ait simplement échoué, naufragé, mais encore intrépide, sur cette terre déserte, ensorcelée, dans ce logis par l’Horreur hanté, — dis-moi sincèrement, je t’en supplie, existe-t-il, existe-t-il ici un baume de Judée ? Dis, dis, je t’en supplie ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »
.
« Prophète ! — dis-je, — être de malheur ! oiseau ou démon ! toujours prophète ! par ce Ciel tendu sur nos têtes, par ce Dieu que tous deux nous adorons, dis à cette âme chargée de douleur si, dans le Paradis lointain, elle pourra embrasser une fille sainte que les anges nomment Lénore, embrasser une précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore. » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »
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« Que cette parole soit le signal de notre séparation, oiseau ou démon ! — hurlai-je en me redressant. — Rentre dans la tempête, retourne au rivage de la Nuit plutonienne ; ne laisse pas ici une seule plume noire comme souvenir du mensonge que ton âme a proféré ; laisse ma solitude inviolée ; quitte ce buste au-dessus de ma porte ; arrache ton bec de mon cœur et précipite ton spectre loin de ma porte ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »
.

Et le corbeau, immuable, est toujours installé, toujours installé sur le buste pâle de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre ; et ses yeux ont toute la semblance des yeux d’un démon qui rêve ; et la lumière de la lampe, en ruisselant sur lui, projette son ombre sur le plancher ; et mon âme, hors du cercle de cette ombre qui gît flottante sur le plancher, ne pourra plus s’élever, — jamais plus !

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 Miguel Oscar Menassa
"Miradas en la cumbre"