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samedi 20 décembre 2008

CONTINUER, EN GRANDISSANT

Éramos un pensamiento silencioso...


Eludíamos cualquier intento de crecer.
La primavera nos sorprendió:
sólo crecía el rosal.

Lo muerto sublevó palabras
para que el aire se estremezca
en un giro preciso.

Y vino el adiós,
sólo en recuerdo.

Las playas bordaron entonces,
otro viaje,
una ruptura.

Para seguir volando,
fue necesario
cualquier intento de crecer,
cada palabra.


Sylvie Lachaume
10.12.2008

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ENTRETIEN AVEC LE POÈTE MIGUEL OSCAR MENASSA

Dimanche, 10 mars 2002


Carmen Salamanca : L’autre jour vous avez posé des questions sur le thème de la femme travailleuse. Que pensez-vous, quelle est votre opinion sur la relation femme-travail ?

Miguel Oscar Menassa: Je n’ai pas bien compris la question.

CS : Pourquoi croyez-vous que l’Association donne ce prix ?

MOM : Pourquoi je crois que l’association donne le Prix à la Femme Travailleuse ? Mais c’est une question différente à la question antérieure, non ?

CS : Oui.

MOM : Moi j’étais en train de penser à la question antérieure.

CS : Je n’ai pas pu la répéter de la même manière. Que pensez-vous de la relation de la femme avec le travail ?

MOM : Ah ! C’est une chose très complexe et très difficile à expliquer parce que les gens disent tout de suite : « Eh ! vous exagérez ». Je me souviens d’un texte de Mao où il disait que la principale contradiction, par exemple, prolétariat-bourgeoisie, était remplacée ensuite par des contradictions secondaires qui devenaient primaires. Si tout d’abord il était nécessaire d’en terminer avec la dialectique prolétariat-bourgeoisie, qui était la contradiction primaire, il fallait ensuite, selon lui, apporter des solutions à d’autres contradictions secondaires. Une contradiction secondaire à celle de bourgeoisie-prolétariat est prolétariat rural-prolétariat urbain ; nous l’avons déjà dit au cours d’autres entretiens, allez savoir si ça n’a pas été une cause non étudiée à Cuba qui a produit un des problèmes. Mao disait que nous devions prendre au sérieux la tâche de voir comment nous arrangions le problème, l’exploitation du prolétariat rural par le prolétariat urbain. Ensuite Mao disait qu’il y avait une contradiction qu’on tarderait mille ans à résoudre et qui était la contradiction homme-femme. C’est-à-dire que nous ne savons pas encore quelle est la relation que la femme a avec le travail. À mon avis (et excusez-moi parce que ce sont des sujets difficiles) pour l’instant nous savons la relation que l’homme permet à la femme d’avoir avec le travail. Par exemple , pour savoir quelle relation elle a avec le travail, il est nécessaire que le chef soit une femme, que les employées importantes soient des femmes ? Pourquoi ? Pour que ce soit elles qui montrent quelle relation elles ont avec le travail. C’est-à-dire que, n’importe quel endroit où la femme excède en nombre les hommes, se transforme en autre chose. Ça c’est important de le savoir.

CS : En autre chose…

MOM : En autre chose….Quelque chose de différent de ce qu’il est, non en quelque chose de plus laid. Vous comprenez ce que je veux dire?

CS : Non.

MOM : Par exemple, les écoles de psychanalyse, à mesure que les femmes envahissent le champ, pensent des choses qu’auparavant elles ne pouvaient pas penser… Ne vois-tu pas qu’en politique le socialisme et le PP sont tous d’accord, la Gauche Unie aussi, quand il s’agit de n’accorder aux femmes que 25% [de participation à la vie politique] alors qu’il y a plus de femmes militantes que d’hommes dans un tas d’organisations. Ce qui se passe c’est que s’ils donnent le parti aux femmes…Vous me suivez maintenant ?

CS : Oui, mais alors, vous voulez dire qu’il y a une pensée féminine et une pensée masculine sur les choses, la réalité ?



MOM : Non, je veux dire que le prolétaire n’est pas un être humain différent du bourgeois. Ce n’est pas que le prolétaire et le bourgeois pensent différemment, sinon que l’un a des moyens de production et l’autre a une force de travail et celui qui a les moyens de production exploite celui qui a la force de travail. Avec la femme il se passerait la même chose. Ne suis-je pas en train de dire qu’on les paie moins ? Ce n’est pas que la femme pense d’une manière différente, c’est que c’est un être exploité, un être soumis, un être en esclavage.

CS : Mais il y a quelque chose que je ne comprends pas très bien.

MOM : Qu’est-ce que vous ne comprenez pas ?

CS : Avant vous avez dit « si elles sont une majorité de femmes, ça se transforme en autre chose ».

MOM : Je vais vous faire une lecture. Lorsque dans le Grupo Cero il n’y avait que des hommes, tout le monde savait qu’ils allaient être sept et que le reste était ou mouvement ou clientèle ou je ne sais quoi. Au fur et à mesure les femmes s’introduisent dans le Grupo Cero, à tel point que dans le Grupo Cero Madrid , au moment de sa fondation, il n’y a pas d’hommes ; ensuite viennent les hommes, et là la structure du Grupo Cero change de sorte qu’actuellement on peut dire qu’il y a mille, deux mille personnes. De plus, lorsqu’il y avait cent pour cent d’hommes, on discutait pour décider si on faisait deux mille, mille exemplaires ou dix exemplaires de la publication ; c’était la discussion que Menassa avait avec l’un des membres, qui disait qu’il fallait publier dix revues, quinze pour les amis, pour ceux qui soient capables de la lire et Menassa disait mille, deux mille, trois mille, huit mille. Il disait tellement d’exemplaires qu’avec le temps, il a réussi à publier 125.000 exemplaires d’une revue mensuelle de psychanalyse et 125.001 exemplaires d’une revue mensuelle de poésie. Ce qui se passe c’est qu’en fait la discussion portait sur un être féminin, que j’étais moi, poète, avec les puissants. Et ensuite, la rupture du Grupo Cero se produit quand ils demandent l’inclusion des femmes. Oui, c’est la dictature , mais il est vrai qu’ils rejettent l’entrée des femmes. Parce que cela modifie. La femme il faut la supporter. Par exemple, moi je veux travailler avec vous, mais je dois vous supporter. Vous avez une certaine manière d’être, chaque fois que je vous dis comment doivent être les choses, vous , vous sentez que c’est incorrect.

CS : Et ça, c’est une caractéristique féminine? Au masculin cela arrive moins ou n’arrive pas ?

MOM : Je suis en train de vous dire que c’est une caractéristique de l’esclavage, que c’est une caractéristique de la domination, non de la femme. Le féminisme, croyant que c’est la condition féminine, en arrive à demander l’égalité. C’est le problème de la femme, elle réagit comme une soumise, comme un peuple enchaîné. Elle ne peut pas demander l’égalité, ils vont l’enchaîner de nouveau. Je vous donne l’égalité et moi, ça fait 4.000 ans que je suis à cette place et je vous donne l’égalité, à vous et je vous soumets de nouveau. Ou vous demandez une différence radicale et vous faites les choses comme vous croyez que vous devez les faire ou il n’y a pas de progrès. Moi, je ne peux pas comparer, comme le dit Freud dans L’interprétation des rêves. Ça c’est nouveau et ça ne peut être comparé avec rien d’ancien. Pourquoi ? Parce que si je le compare avec quelque chose de vieux, en essayant de le clarifier, je le perds. C’est-à-dire que si maintenant je prends les choses que fait la femme et je les compare avec les choses que l’homme a faites, je la perds, je la perds comme femme, je la transforme en instrument de domination. Ce qui est intéressant dans tout cela c’est que l’homosexualité masculine est une chose créée par le pouvoir des hommes sur les femmes, tout au moins dans les cultures que nous connaissons. Dans la culture grecque, les homosexuels étaient ceux qui avaient le pouvoir , les esclaves étaient ceux qui avaient les relations hétérosexuelles et la femme jouait de la flûte. Mais les homosexuels écrivaient, parlaient, pouvaient participer aux conversations. L’homosexualité féminine est une chose créée par les hommes, non par le pouvoir. C’est contre la femme ! Que la femme ait des relations homosexuelles, c’est une chose et qu’elle brandisse l’homosexualité comme un drapeau, c’est autre chose, une chose qu’il faut étudier. Les relations que l’on entretient avec le monde sont intimes, et en plus elles sont toutes homosexuelles, ou toutes hétérosexuelles. Il n’y a pas homme ou femme psychiquement, il y a homme ou femme pour la reproduction de l’espèce, ensuite psychiquement c’est trente-cinq pour cent, vingt-deux pour cent, une nuit oui, une autre nuit non, le matin suivant non, si tu me sers le café de cette façon tu es ma maman, si tu me le sers de cette façon tu es mon papa, ou le serveur, ou l’oncle…Le psychisme est très labile, il ne peut pas affirmer son identité sexuelle très rapidement. Si nous sommes dans l’intimité, si les couples veulent essayer autre chose, ils se font autre chose. Je suis un homme, je suis homosexuel, je suis hétérosexuel…ça, ça ne peut se dire qu’en public ; dans l’intimité ça n’existe pas. Si une fille lèche le cul à un homme, est-ce que là l’homme est homosexuel ? Ou l’homme, le jour où il n’utilise pas sa bite…Dans ce cas, est-ce que lui et elle sont deux femmes ?

CS : Et vous, quelle modalité sexuelle auriez-vous ?

MOM : Moi je serais trisexuel : homosexuel, hétérosexuel et esclave.

CS : « Esclave », c’est de quel sexe ?

MOM : Jouir, parce que celui qui travaille toute la journée en pensant au temps de l’esclave c’est le maître.

CS : Oui, les apparences ne nous amènent nulle part, ne nous amènent à aucune vérité.

MOM : Avant qu’Aznar ne gouverne, les apparences étaient déjà trompeuses ; cela ne veut pas dire qu’Aznar soit l’inventeur du fait que les apparences soient trompeuses.

CS : Bien…Les apparences ne nous amènent nulle part. La différence se voit dans les actes ?

MOM : Quand je me suis référé à Aznar j’ai dit qu’ils veulent que les apparences soient la vérité, le gouvernement actuel veut que les apparences soient la vérité. C’est-à-dire qu’ils ont un problème très important avec l’argent noir, l’argent, ce problème important qu’ils ne savent pas comment résoudre : grandes quantités d’héroïne, de cocaïne, de pastilles cérébrales, de je ne sais quoi, et eux ils le résolvent en faisant la campagne contre les jeunes qui prennent de la bière dans la rue jusqu’à en arriver à la prohibition, à la loi sèche. Et à qui convient la loi sèche ? Aux contrebandiers d’opium, d’héroïne, etc.

CS : Les synthétiques vont augmenter, tu vas voir, le mois prochain.

MOM : De plus les morts augmentent parce que tout le monde est fâché. Le contrebandier avant t’apportait l’ «ecstasy», des pastilles contenant un 40% de drogue alors les jeunes en prenaient 2 ou 3 et maintenant ils se sont fâchés et ils l’apportent à 100%. L’autre jour deux jeunes sont morts à Séville ou à Malaga. À cause de la pureté de la drogue. La drogue venait avant à 40-50%, ils l’ont mise à 70-80% et ils ont tué 3 jeunes. Mais ça, c’est parce que le gouvernement est en train de regarder d’un autre côté : « Comme ça ne se voit pas, ce n’est pas vrai ».Comme ont ne voit pas que dans les tribunaux on te demande de l’argent pour passer tes papiers de tout en bas à tout en haut, parce qu’il y a beaucoup de procès, alors, ce n’est pas vrai. Ce n’est pas vrai même quand des gens téléphonent [aux media] pour dire qu’ils ont dû payer. Plusieurs personnes ont appelé au programme de Mª Teresa Campos et la troisième ils ne l’ont pas laissé parler parce que « comme nous ne savons pas si c’est vrai ça… ». Vous voyez qu’ils se laissent guider par les apparences. C’est vrai que les jeunes boivent de l’alcool, mais que les jeunes boivent de l’alcool ça ne doit pas être si grave , puisqu’ils le font dans la rue. Vous comprenez ? Par contre, nous ne savons rien de ce qui se fait dans des chambres blindées parce que , dites-moi, où vont-ils garder 1.000 kg d’héroïne ? Où vont-ils garder 2.000 kg de cocaïne, 800 tonnes de haschich ? C’est bien parce que ça c’est ce que découvre la police mais parfois elle ne le découvre pas. Où garde-t-on tout ça ? Il doit y avoir de grandes maisons, de grands locaux, c’est-à-dire de vastes dépôts que la police pourrait détecter si réellement la police étaient en train de lutter contre ça.

C’est comme le patinage, la patinage artistique qui est entouré de corruption dont vous ne vous rendez même pas compte : « Je n’aime pas ce gars alors je laisse passer l’autre qui me plaît » et personne n’est content. Comment vais-je résoudre l’affaire de corruption qu’ils ont ? Très facile : ils ne laissent plus les filles montrer leurs fesses, les hommes ne peuvent pas porter des pantalons ajustés pour ne pas montrer le paquet, etc. Il ne vont pas apporter des solutions à la corruption de cette manière, ce sont des manœuvres de distraction de l’État et l’État ne s’en rend même pas compte. Ils ont transformé les problèmes que nous avons avec le Maroc, qui est sur le point de nous déclarer la guerre, en discussion pour savoir si Felipe Gonzalez va ou ne va pas au Maroc. Vous voyez que c’est un gouvernement qui veut faire croire au peuple que les apparences sont la vérité ? Pardonnez-moi pour cette incursion dans la politique alors que c’est vous qui en savez le plus sur ce sujet.

Le tableau, je l’ai déjà terminé. Il s’appelle « La prison de la femme travailleuse ». Qu’est-ce que ça veut dire ? Que si elle ne s’emprisonne pas comme femme travailleuse, elle ne pourra pas faire la révolution. Comme le disait Freud, si je crois que ce que les gens me donnent c’est pour mes beaux yeux et je n’ai pas de beaux yeux, ils ne vont rien me donner.

Vous avez sûrement revu un tas de phrases cette semaine, en essayant de faire votre conférence de ce soir, mais il est vrai qu’il y a des cas où la femme préfère n’importe quoi plutôt que de travailler, donc ça devrait être la même chose dans l’autre sens. Avant de commencer à travailler il faudrait se demander : Je veux travailler ? Je veux devenir indépendante ?. Mais, bien sûr, je ressens une tristesse en tant que femme, quand je travaille ; je dois être laide, je dois être peut attirante, je ne dois pas éveiller beaucoup de désirs puisque aucun homme n’est disposé à m’entretenir.

La femme va au travail accompagnée d’une tristesse, d’une déception.

CS : Oui, mais une fois qu’elle se rend compte que c’est comme ça, elle peut retourner la situation et utiliser cela pour son propre bénéfice.

Voilà une des phrases que j’ai lu cette semaine :« Les hommes, quand un homme va parler, écoutent d’abord et ensuite ils regardent ; quand une femme va parler ils regardent d’abord et, si ce qu’ils voient leur plaît, ils écoutent. »

MOM : Oui, c’est vrai. C’est pour ça que quand j’étais jeune je parlais tant de ma bite. On ne saura jamais si elle grande ou pas ; mais quand j’étais jeune, je savais que si je disais que j’avais une grande bite, les gens allaient m’écouter avec plus de respect. Moi, je n’ai jamais montré ma bite à personne mais j’ai toujours écrit qu’elle était grande.

CS : Vous avez engendré un courant d’opinion.

MOM : J’ai engendré un courant d’opinion tel que les gens me respectent. « Fais attention avec celui-là, il a une grande bite -disent les gens- ne te penche pas trop ».

CS : Il y a une phrase dans Les 2001 Nuits qui dit : « Le flux d’argent s’est paralysé et elle, elle a paralysé la vie, la jouissance ». Comment peut-elle prétendre avoir de l’argent si elle ne travaille pas ?

MOM : Bon…Pour ce que dit la phrase. On lui avait promis que si elle donnait de l’amour, de la jouissance et je ne sais quoi, on lui donnerait de l’argent. Je ne sais pas comment c’est. Je ne sais pas pour quel motif intime une femme finit par faire tout ce qu’elle fait. Allez savoir !

CS : Pourquoi elle fait les choses ? Qu’est-ce qui pousse une femme à travailler, à avoir une vie ?

MOM : On dit que la femme fait tout par amour. Qu’est-ce que je sais moi de tout ça ! La vérité… je ne sais pas.

CS : Il faudra qu’elle parle, il faudra qu’elle fasse des recherches sur la question.

MOM : Ce que je sais c’est qu’il y a beaucoup de chercheurs qui ont voulu faire parler la femme de ses problèmes, qui lui ont demandé comment elle vit sa vie. Et elle, elle ne veut pas, parce qu’elle dit que ça ne lui convient pas.

Public : Il y a des gens qui préfèrent être malades, il leur convient d’être malade.

MOM : Par exemple, quand les esclaves ont commencé à se libérer, il y avait des esclaves qui défendaient l’esclavage, il y avait des esclaves que l’on devait convaincre de la liberté, avant de courir le risque ils préféraient continuer à être esclaves. Les gens sont comme ça.

CS : Vous avez dit plusieurs fois que les révolutions masculines ont échoué et que doit venir une révolution féminine, ou une révolution de la femme -je ne sais pas exactement- des femmes.

MOM : Nous pouvons l’appeler féminine pour pouvoir donner à ceux qui s’appellent hommes une possibilité de participer à cette révolution, dans ce sens. Mais, quelle était votre question ?

CS : La révolution de ce siècle, si c’est une révolution féminine, qu’est-ce que ça supposerait ?

MOM : Si je savais ce que supposait la révolution féminine, il n’y aurait pas de révolution, parce que je pourrais ne pas la faire venir. Par exemple, les hommes croient que si la femme prend le pouvoir il va y avoir plus de liberté sexuelle, moi je crois que si la femme prend le pouvoir la liberté sexuelle est terminée. Et pour quoi la femme veut-elle la liberté sexuelle ? Peut-être que vous qui êtes intelligente vous pouvez trouver une explication. C’est très difficile.

Public : Elle l’a déjà.

MOM : Il me semble que oui. Qu’elle a déjà la liberté sexuelle, c’est pour ça que, pour quoi va-t-elle vouloir la liberté sexuelle ? On veut donner à la femme quelque chose que la femme a, et qu’en plus elle utilise : Tu ne te rends pas compte à quel point le cinéma est plein de cette utilisation de sa liberté sexuelle.

CS : C’est le plus ancien.

MOM : Dans le livre d’Armand Salacrou, Une femme libre, que parfois je vous recommande, elle, elle comptait jour après jour les jours où son amant était avec elle et elle le notait sur le mur, elle faisait une marque sur le mur chaque jour où l’homme était avec elle et elle était heureuse qu’un jour de plus soit passé, et qu’ils vivent ensemble. Quand il lui parle de se marier avec lui, elle disparaît.

CS : Parce que là, l’émotion est terminée.

MOM : Je ne sais pas si l’émotion ou la liberté, ma chérie. Le mariage est une institution, ce qu’on doit faire est déjà programmé. Qu’est-ce qu’il faut faire ? Qu’est-ce qu’il faut respecter ? . Durant des années et encore actuellement, me semble-t-il, c’est une circonstance atténuante que l’homme tue la femme par jalousie, je ne sais pas si c’est encore une circonstance atténuante mais en tout cas ça l’était il y a très peu de temps. Voilà comment est constituée l’institution familiale, l’institution du mariage, parce que sinon, il serait impossible de penser que si l’institution ne dit pas une telle chose , la loi la dise ensuite.

CS : Bien sûr, le fait que les femmes travaillent et aient une indépendance économique porte un peu atteinte à l’institution du mariage.

MOM : Moi je crois que si la femme travaille et gagne beaucoup d’argent et qu’elle est bien professionnellement, le mariage ne peut l’intéresser sous aucun aspect. Pour quoi ?

CS : Il y a une blague qui dit : « Moi, pourquoi vais-je me marier si j’ai trois animaux domestiques qui font les mêmes fonctions qu’un mari: un chien qui aboie contre moi le matin, un perroquet qui dit des jurons toutes la journée et un chat qui arrive très tard le soir ». C’est un contrat le mariage, l’institution. On me disait il y a un moment que dans le livre : Actualité de Sigmund Freud. Le transfert, Menassa (bon… vous dites , puisque vous êtes vous-même Menassa) qu’à partir de la première interprétation qu’on vous a faite : « affaire d’hommes ? » il vous a fallu 12 ans pourque vous pouvoir inclure une femme dans votre regard.

MOM : Qu’est-ce que vous me demandez ? Si j’ai mis beaucoup de temps parce que je suis taré ?

CS : Que veut dire une femme dans votre regard ?

MOM : Inclure une femme dans le regard veut dire que quand moi je pense, je pense un homme masculin et une femme ou un être féminin. Que je ne confonds jamais, dans le sens que lorsque c’est une femme qui fait je ne lui demande pas des choses que je demande aux hommes. Et la culture montre les choses féminines comme si elles étaient plus petites et ce n’est pas comme ça, ni plus petites, ni plus grandes. On comprend ce que je veux dire. Ce sont des choses radicalement différentes.

Parfois quelqu’un dit (avec les animaux c’est la même chose), l’oiseau jaune-bleu vole très bien et alors quelqu’un arrive et dit : oui, mais il ne chante pas. Mais je ne suis pas en train de dire qu’il chante, je suis en train de dire qu’il vole. Les gens sont comme ça. Quelqu’un dit : « La femme ne peut pas soulever une pierre de quatre cent kilos. On pourrait lui répondre : « Oui, parce qu’elle n’est pas basque. Si elle était basque elle l’a soulèverait. ».

CS : On voit de tout…

MOM : De plus, quand la femme gouvernera l’homme ne va pas disparaître, l’homme continuera à faire les travaux de force ; ce qui se passe c’est qu’au lieu de les faire pour lui-même,il les fera pour la femme.

CS : Il y a une phrase d’autrefois qui dit : « Tandis que Adam creusait Ève filait. Lequel des deux était le grand seigneur ? ».

MOM : Ève.

CS : Justement.

MOM : Moi je vous dis comment sont les choses, et non comment je voudrais qu’elles soient. Parce que je ne suis pas sûre que la femme soit capable de s’octroyer la liberté.

CS : De se donner la liberté ?

MOM : Oui, de la prendre. Elle, elles est en train d’attendre quelqu’un qui l’a lui donne et la liberté il faut la prendre. Qui va te donner la liberté ? de plus, quand je demande ma liberté à quelqu’un, ça veut dire que l’autre est en train de m’utiliser ? Je le dis dans ce sens parce que sinon, pourquoi vais-je lui demander ma liberté ?

Public : Comme si j’avais ma liberté.

MOM : S’il est en train de m’utiliser et que je vais lui demander ma liberté, il va me l’a donner ? Pas question.

CS : Parfois on ne songe même pas à demander sa liberté. On songe à demander la permission de demander sa liberté.

MOM : Mais ça c’est la mère et ça arrive aux femmes aux hommes. C’est-à-dire que toute femme, tout homme qui demande la permission à son amant pour telle ou telle chose, ne vit pas avec un amant, mais vit avec sa maman.

Public : Et en plus il ne le veut pas, parce que s’il le demande c’est pour qu’on ne le lui donne pas, et à plus forte raison s’il le demande à un maître.

MOM :Tu demandes la permission à ta maman et si en plus tu dois demander la permission à la personne avec laquelle tu vis pour vivre, alors là tu t’es foutu dedans, c’est-à-dire que tu t’es trompé. Parce que le problème de la jalousie fait partie de la constitution psychique. Ça c’est une chose. Mais c’est autre chose quand je la tue par jalousie. Quand je punis la femme –l’homme punit la femme par jalousie- c’est comme si l’homme s’en était approprié, comme si la femme était véritablement un objet et lui s’en est approprié et alors comme c’est à lui…

CS : Je l’ai tuée parce qu’elle était à moi.

Public : Seulement pour ça. Il n’est même pas jaloux par amour.

MOM : Vous êtes en train de vendre ou c’est une manifestation ? C’est une manifestation contre les peintres.

CS : Les peintres, le dimanche, nous voulons du soleil, nous voulons du soleil.

Public : Ils demandent la liberté.

MOM : Qu’est-ce que vous dites ?

CS : Ils demandent la liberté, même dans la rue ils demandent la liberté. Moi je n’ai plus de questions à vous faire pour aujourd’hui.

MOM : Vous ne voulez pas que je vous donne un conseil maintenant qu’on va vous nommer Femme Travailleuse ?

CS : Oui, s’il vous plaît, un peu de soutien.

MOM : Ça, vous pouvez en acheter au Corte Inglés. [ N.T : 1.« soutien » en espagnol signifie aussi « soutien gorge ». 2. Le « Corte Inglés » est un grand magasin]. Moi, ce que je peux, c’est vous donner une phrase. Vous dire par exemple : si vous ne le croyiez pas quand vous travailliez toute la journée et que personne ne vous félicitait, pourquoi allez-vous le croire maintenant que vous continuez à travailler toute la journée et qu’on vous félicite.

CS : Non, je ne le crois pas.

MOM : Vous m’avez répondu très rapidement.

CS : Si avant quand je travaillais toute la journée et personne ne me félicitait, je ne croyais pas qu’on ne me félicitait pas pour ne pas travailler, alors maintenant qu’on me félicite je ne vais pas croire non plus qu’on me félicite pour travailler.

MOM : Exactement.

CS : Ce sont des apparences, n’est-ce pas ? Ce sont des apparences mais ce sont aussi des phrases qui, suivant comment on les administre, feront de votre vie une chose ou l’autre.

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